Par Marie-Noëlle De Sève, conseillère d’orientation chez BrissonLegris
On entend souvent parler du burnout, soit le syndrome d’épuisement professionnel, qui est associé à une trop grande charge de travail. Qu’en est-il de l’inverse, soit une charge insuffisante ou encore insignifiante? Ce phénomène est défini par le terme bore-out, qui est de plus en plus utilisé depuis la dernière décennie. Celui-ci représente un état d’épuisement causé par l’ennui, l’absence de défi et le désintérêt au travail.
Quelles en sont les causes?
Plusieurs causes systémiques peuvent expliquer le phénomène du bore-out. Il peut être lié à l’organisation du travail, par exemple une répartition inadéquate des tâches. On pense notamment à des postes qui subsistent malgré une restructuration, mais qui sont évacués d’une partie de leur utilité. Ou encore, des postes d’entrée constitués de tâches que les employés d’expérience ne souhaitent pas faire. Par ailleurs, on peut supposer qu’au fil du temps, certaines fonctions ont été remplacées par de nouvelles technologies. Ainsi, il en résulte une insuffisance de tâches pour remplir les 37.5 heures par semaine où la présence au boulot est obligatoire et les journées exemptes de défis ou d’attraits pour l’employé.
Pour certains travailleurs, il est possible de ne pas concevoir le travail comme étant une source d’épanouissement : ceux-ci trouvent leur satisfaction à travers des fonctions extérieures au cadre professionnel. Ces derniers peuvent accepter ce genre de situation professionnelle sans que cela ne leur soit trop nuisible alors que pour d’autres, le quotidien devient insoutenable et il peut s’en suivre de lourdes conséquences psychologiques.
Les conséquences possibles
Certains réflexes sont typiques lorsqu’on manque de stimulation au travail : tenter de ralentir ou d’étirer les tâches à faire ou encore condenser toutes les tâches sur la première moitié de la semaine pour ensuite prétendre être occupé la moitié restante. Certains trouvent des « solutions » temporaires : planifier sa fin de semaine, aller sur les réseaux sociaux, fouiller l’Internet … ce qui renforce le sentiment que leur présence au travail n’est pas essentielle.
À la longue, l’employé peut se sentir frustré, inutile, déprimé et isolé avec sa souffrance. En effet, il s’agit d’une situation souvent taboue : s’il bénéficie de conditions de travail intéressantes, quelle honte d’être payé à ne « rien faire », et oser s’en plaindre en plus!
Au-delà des conséquences possibles sur le moral et sur l’estime de soi, la personne peut vivre une grande culpabilité et même, subir des conséquences sur le plan existentiel, notamment une perte de sens face à son identité professionnelle. Elle se retrouve ainsi coincé dans un cercle vicieux de vacuité pouvant être à l’origine de diverses problématiques de santé mentale : anxiété, dépression, etc.
Comment y remédier?
Prendre conscience du malaise et identifier la cause de notre lassitude
La première étape consiste à reconnaître et identifier le malaise, pour pouvoir par la suite prendre un certain recul. Une fois qu’on a une vue claire de la situation, on peut mieux comprendre les causes exactes du bore-out. Est-il lié à la nature de la tâche? À la charge de travail? Au secteur d’activité? À la mission?
Communiquer!
Il est nécessaire d’amorcer un dialogue avec son supérieur immédiat afin de signaler cette situation. Une répartition différente des tâches, de nouvelles fonctions ou encore une mobilité à l’interne peuvent parfois être envisageables.
Profiter de ces moments pour se développer professionnellement
Suivre des formations en ligne, se documenter sur une nouvelle approche, cibler un(e) collègue occupant des fonctions différentes afin qu’il/elle devienne un(e) mentor… Cela peut être l’occasion de développer de nouvelles compétences qui pourront potentiellement permettre d’accéder à de nouveaux défis professionnels!
Apprendre de cette situation
Les moments difficiles au travail sont tout à fait opportuns pour se questionner sur ses aspirations professionnelles. Qu’est-ce que cette situation révèle sur nos besoins, nos intérêts, nos valeurs et notre idéal professionnel?
Pour certains, une autonomie dans la gestion de son temps de travail peut suffire à estomper ce sentiment d’inutilité causé par le fait d’être simplement présent au travail. Par contre, si la souffrance est liée à la nature de la profession, il peut être pertinent de demander de l’accompagnement pour un bilan de compétences ou encore, une démarche de réorientation professionnelle. Enfin, si la situation s’aggrave au point d’atteindre un point critique et qu’on constate des signes de dépression, il est important d’avoir recours aux services d’un(e) professionnel(le).