Par Marie-Noëlle De Sève, conseillère d’orientation et Éric Damato, conseiller d’orientation organisationnel, partenaire et leader agile chez BrissonLegris
Nous sommes dans un contexte inhabituel, empreint d’incertitudes et de nouvelles réalités personnelles et professionnelles. Ce virus planétaire nous plonge dans un univers qui nous oblige à repenser nos plus simples réflexes et habitudes en tant qu’individu et société. S’adapter est la clé !
Pour l’après-Covid-19, on pressent déjà que plusieurs habitudes de travail seront modifiées, en passant de la simple poignée de main jusqu’à revoir en profondeur nos pratiques et notre façon de percevoir le monde. Un élément essentiel ne saurait toutefois pas perdre de sa pertinence : notre bienveillance à l’égard de nous-même, de notre famille, de nos collègues et de la société.
Parler de bienveillance c’est considérer l’humain avec un regard attentionné, compréhensif et sans jugement afin de contribuer à un climat de confiance dans la relation à soi et à l’autre. C’est aussi agir avec authenticité et surtout proactivité lorsqu’il s’agit de poser un regard constructif sur la vie. C’est de se mettre activement disponible pour soi et pour l’autre.
Bienveillant envers soi-même
Il s’agit d’accepter l’impermanence des choses, mais aussi de nos réactions, des émotions et pensées face à cela. La bienveillance envers soi-même, c’est aussi apprendre à naviguer en terrain inconnu et à oser sans s’obliger, cette fois-ci, à devoir performer! C’est surtout d’explorer nos ressources internes car c’est là que peut débuter un voyage vers des découvertes parfois insoupçonnées.
Il est donc naturel de ressentir des moments d’inquiétude, de peur, d’anxiété, de solitude et de frustration. La bienveillance envers soi-même signifie aussi de ne pas les étouffer avec un optimisme irréaliste, mais de les constater et de les accepter. Il peut être pertinent de noter l’émotion ou la pensée sans se l’approprier. Exemple : « j’ai constaté avoir ressenti de l’angoisse » plutôt que « je suis angoissé ». Pourquoi ne pas chercher à en tirer un apprentissage : qu’est- ce que cette situation m’apprend sur ce qui est important pour moi ?
Bienveillant envers les autres
Il s’agit ici de poser un regard renouvelé dans le but conscient de comprendre les autres et leurs réalités : adopter une approche à la fois empathique et sereine, puisque c’est là-dessus que nous avons du contrôle.
Par exemple, en ces temps de confinement et en télépratique, je peux ressentir de la frustration quand ma superviseure ne me répond pas alors qu’il est midi et que je tente de la rejoindre depuis 9h. Réagir, se questionner, éprouver des émotions sont des réponses normales et habituelles, mais la bienveillance consisterait davantage à tenir compte du fait que la superviseure en question, aux prises avec ses deux enfants en bas âge à la maison, a priorisé passer du temps à discuter avec eux, qui démontraient peut-être des comportements agités et anxieux. Qu’est-ce que cette dernière peut en retirer comme constatation sur ses besoins, priorités et valeurs? Plus encore, que puis-je en retirer comme apprentissage sur moi-même? Mon désir de proactivité, d’être encadré et écouté? Être bienveillant envers autrui, c’est aussi accepter que les situations et valeurs primordiales peuvent varier d’un individu à l’autre, tant au travail qu’à l’extérieur du travail.
Éviter la contagion émotionnelle
Alors que nous sommes tous à bien plus d’un bras de distance les uns des autres, nous demeurons connectés et ce, à l’échelle internationale. Que ce soit lors de discussions, de lectures de fil de nouvelles, nous ne sommes pas à l’abri de recevoir des échos d’anxiété, risquant de teinter notre propre degré de distance émotionnelle à la situation. Être bienveillant envers soi-même, c’est aussi être à l’écoute de ses réactions internes afin d’en identifier le déclencheur, et d’instaurer des limites appropriées, ce sur quoi nous avons le contrôle. C’est se réapproprier soi-même : après tout, nous sommes notre seul instrument de vie !