Avez-vous déjà remarqué le nombre de questions que vous pouvez poser au cours d’une journée? Sont-elles toutes efficaces selon vous? Et si je vous demandais sur quels critères basez-vous votre réponse? Probablement que vous répondriez que les questions efficaces sont celles où vous avez obtenu une réponse concrète à votre demande initiale, n’est-ce pas?
Et si je vous proposais plutôt de considérer une bonne question comme celle qui fait davantage réfléchir votre collègue, le candidat que vous envisagez de recruter ou mieux encore votre client? Vous en diriez quoi? Vous savez, le genre de question qui pousse votre interlocuteur, qui soit-il, à prendre un pas de recul et soit forcé de réfléchir avant d’y répondre?
Voilà ce que *Socrate, via la **maïeutique, proposait, et plus récemment la nouvelle tendance qui nous amène à réfléchir via la questiologie.
Qu’est-ce que la questiologie?
Cela consiste à poser la bonne question… au bon moment! Frédéric Falisse (inventeur de la questiologie) propose effectivement une méthodologie très efficace lorsqu’il s’agit de poser des questions. En effet, que ce soit dans notre rôle en tant que collègue, gestionnaire, candidat en entrevue ou employé, apprendre à poser des questions amène une profondeur et une qualité dans la relation avec l’autre. Cela permet aussi d’impliquer l’autre dans l’échange au lieu d’imposer une vision unique du monde.
Méthodologie
Falisse a donc élaboré une approche communicationnelle permettant de choisir la meilleure posture possible, selon l’évolution des échanges entre les gens. Vous êtes donc invité à choisir de questionner votre candidat, futur employeur, employé ou gestionnaires sous un des angles suivants et d’observer la réponse.
Par exemple, si vous croyez qu’il serait plus pertinent et aidant pour votre interlocuteur de recourir à une question de type ACTEUR, dans le but de lui faire prendre conscience des actions à mettre en place, vous pourriez effectivement lui demander : comment vas-tu régler cela? Ou encore : par quoi commenceras-tu? Par contre, si votre intention est de lui faire prendre conscience de ses émotions par rapport à une situation, vous pourriez plutôt lui demander : comment te sens-tu par rapport à cela? Ou : Qu’est-ce que cela te fait vivre? Si cette approche est trop prématurée ou trop directe, compte tenu de la situation, vous pourriez alors opter pour la MÉTA ou l’observateur : quand tu dis ressentir cela comme ça, au fond, que veux-tu dire (MÉTA)? Oui, je comprends que cette situation est difficile… dis-moi, que font les autres qui traversent aussi ce genre de situation pour s’en sortir?
Comment savoir
Les gens qui oeuvrent dans le domaine du coaching parlent souvent de l’importance de clarifier votre intention de départ. C’est donc à vous de déterminer ce que vous souhaitez faire. Ainsi, posez-vous la question suivante : qu’est-ce que je cherche en posant une question précise à mon employeur, employé, candidat ou futur employeur? Quelle est mon intention et à quel(s) besoin(s) cela risque de répondre?
Paradoxalement, celui ou celle qui pose une question efficace doit d’abord maîtriser l’art de l’écoute! En effet, cibler une question appropriée exige d’être à l’affût des propos de l’autre, de la gestuelle, de la tonalité, du contexte et des enjeux. Quand vous examinez ce que vous observez, que remarquez-vous concrètement? Lorsque vous entendez la réponse de votre interlocuteur, avez-vous décelé dans quelle posture se situe sa réponse?
Par exemple, quand vous demandez à votre ado ce qu’il attend pour ranger sa chambre et qu’il vous répond en vous mentionnant ce que font plutôt les autres ados et combien ils ne subissent pas la même rigueur côté ménage… Vous remarquerez alors que votre question de départ est en mode ACTION alors que la réponse se situe en mode OBSERVATEUR… Donc, vous prenez conscience d’où il se situe présentement. C’est précisément là qu’il devient intéressant de constater que vous avez le pouvoir d’orienter l’échange vers une construction de sens, plutôt que d’imposer votre volonté à ce qu’il se mette en action. Vous pourriez alors opter pour tenter d’investiguer sur le plan INTROSPECTIF, en vous intéressant à ses émotions, à ce qu’il peut ressentir, et aux moyens à mettre en place pour trouver un éventuel équilibre. Vous avez le choix : vous imposer ou co-créer d’autres possibilités sur la base d’une écoute bienveillante et constructive.
Questionner dans une approche où l’on cherche à faire grandir l’autre et soi-même est indéniablement un acte courageux et difficile, mais ô combien efficace et bénéfique! Sur ce, de quoi avez-vous besoin pour essayer de nouvelles questions plus éclairées? Quel écart y a-t-il entre votre intention d’expérimenter de nouvelles questions et votre passage à l’action?
Par Éric Damato, Conseiller d’orientation organisationnel, BrissonLegris
*Socrate (en grec ancien : Σωκράτης / Sōkrátēs) est un philosophe grec du ve siècle av. J.-C. (né vers –470/469, mort en –399). Il est connu comme l’un des créateurs de la philosophie morale, source Wikipédia
** Méthode suscitant la mise en forme des pensées confuses, par le dialogue (Socrate, dans les œuvres de Platon).